Bulletin de la Société Préhistorique Française, tome 74, 1977, C.R.S. M. n° 8
Les fibules annulaires hispaniques : Essai de technologie et de typologie
A propos d'un exemplaire découvert au pic d'Ysson (communes de Vodable-Solignat, Puy-de-Dôme)
par Jean-Pierre Daugas et Luc Tixier
La plaine de la Limagne d'Issoire (Puy-de- Dôme) est limitée sur ses bordures orientales et occidentales par une série de pointements volcaniques tertiaires ; ces « pics » ou « puys » dominent la vallée de l'Allier à une altitude supérieure à 500 mètres. Le pic d'Ysson, le plus massif et le plus élevé, culmine aux confins des communes de Vodable et de Solignat, à 856 mètres. Ses coordonnées Lambert sont les suivantes (fig. I, A) :
X : 664, 100 ; Y : 362, 050 ; Carte 1/25 000. Besse-en-Chandesse 3-4.
En 1963, l'implantation d'un château d'eau étant décidée, les travaux commencèrent l'année suivante par le creusement d'une tranchée sur le flanc ouest du Pic. Dans ce terrassement furent trouvés un certain nombre de tessons, ainsi qu'un bracelet et une fibule en bronze d'un type original. Ces deux derniers éléments donnèrent lieu à une publication de G. Fournier (Fournier, 1966). Par la suite, de 1965 à 1967, L. Tixier réalisa un sondage, suivi d'une fouille, sous l'égide de la Direction des Antiquités Préhistoriques d'Auvergne. Enfin, en 1968, la construction effective du château d'eau et de ses accès, donna lieu à une petite fouille de sauvetage réalisée en commun. Les résultats de ces différents travaux ont été donnés par ailleurs (Daugas et Tixier, 1975) et nous ne nous attacherons à revenir ici que sur l'étude de la fibule de 1964.
La reconnaissance en cette pièce d'une véritable fibule annulaire hispanique, à ardillon libre, nous a incité à rechercher des éléments de comparaison. En France, ils nous sont vite apparus très rares, pour se révéler en revanche abondants dans toute la péninsule ibérique (1).
(1) Nous exprimons ici toute notre gratitude à Mlle A. Robert, de Montpellier, qui a grandement facilité nos travaux de recherches bibliographiques. Cette étude n'aurait pas été possible sans son concours.
Parallèlement, la recherche du mode de fonctionnement et un essai de mise en oeuvre de notre exemplaire nous ont conduit à proposer une typologie fonctionnelle des fibules annulaires. Effectivement, il semble que les typologies espagnoles ne donnent pas toute satisfaction. La technologie, introduite comme élément distinctif et évolutif, permet dès lors, de perfectionner le classement et de parfaire les attributions chronologiques (2).
La fibule d'Ysson est composée d'un anneau (3) grossièrement circulaire (diamètre variant de 42 à 48 mm) réalisé en fil de bronze, de section
(2) Monsieur Francisque Malacher, chaudronnier, Meilleur Ouvrier de France, a bien voulu examiner l'exemplaire d'Ysson et nous l'aire remarquer l'utilisation qui y a été faite des qualités physiques du métal, de l'emploi du martelage et de l'écrouissage. Qu'il soit remercié ici, pour tous les conseils qu'il a bien voulu nous prodiguer. (3) Terminologie employée pour la description des fibules annulaires : — Аллеям (anillo) : pièce circulaire sur laquelle s'appuient l'arc, son pied et l'ardillon. — Arc (arco, puente) : pièce arciforme recevant à sa tête l'attache de l'ardillon, et à son pied la gouttière porte-aiguille. Ces deux extrémités sont assujetties à l'anneau. — ■ Arceau en U (chupita en V) : étrier, articulé sur l'anneau et contraignant l'ardillon à travailler par flexion. — Ardillon (agulla) : petite tige appointée à une extrémité et pivotant de l'autre autour de l'anneau. Elle est dite « libre » lorsqu'elle est totalement indépendante du ressort ou de l'arc. — Corde ou pont (cuerda) : dans le cas des fibules à ardillon fixe, partie du ressort, reliant transversalement chacune de ses extrémités latérales. Dans le cas des ardillons libres, brin reliant les deux enroulements du ressort et faisant pression sur l'ardillon en position fonctionnelle. — Gaine spiralée (arroliamento en espiras, buclecito) : enroulement de fil ou de ruban de bronze, en spires parallèles, sur l'anneau. A ne pas confondre avec les spires du ressort (vueltas del muelle). — Gouttière (caňa, pestaňa) : dépression plus ou moins accusée du pied de l'arc, destinée à recevoir l'ardillon en position fonctionnelle. — Ressort (muelle, ressorte) : enroulement de fil de bronze disposant d'élasticité qui, soit impose une pression à l'ardillon, soit permet à celui-ci d'agir par flexion.
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